VIVRE LA MISSION DANS UN MONDE CRÉÉ
Vivre dans un monde créé (1), qu’est-ce que cela change dans notre manière de présenter et représenter l’Évangile à nos contemporains ? Qu’est-ce que cela implique ? Voici 6 propositions, et une prière pour conclure.
Vivre la mission dans un monde créé implique d’aimer le monde de Dieu
Voilà une expression que j’emprunte à l’Engagement du Cap : « nous aimons le monde de Dieu ». Une invitation à partager la passion de Dieu pour son monde, et tout ce que Dieu a fait ! À l’aimer, tout entier, comme Dieu l’a aimé. Soucieux au plus profond de nous-même de son bien et de l’humanité qui l’habite. Nous nous rappelons que ce monde blessé demeure le monde de Dieu, qu’il ne l’a pas abandonné, et qu’il revient bientôt pour faire toute chose nouvelle. Voilà notre espérance : une création guérie, de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera. C’est pourquoi nous aimons le monde avec une sainte impatience de voir la rédemption et le renouvellement de toute la création et de toutes les cultures dans le Christ, le rassemblement du peuple de Dieu de toutes les nations jusqu’aux extrémités de la terre, et la fin de toute destruction, pauvreté et inimitié (2).
Vivre la mission dans un monde créé implique de s’engager dans la création de Dieu
Nous le savons, dans une société plus que jamais en quête d’une spiritualité qui donne du sens à la vie aujourd’hui, cette dynamique d’incarnation du message de la bonne nouvelle n’est plus une option ! Notre témoignage doit se vivre dans ce souci de l’humanité et de la vie présente, les pieds sur terre, en prenant au sérieux le mandat confié à l’humanité dans la Genèse : celui de garder, cultiver et prendre soin de la création de Dieu.
Ainsi, selon la vocation de chacun, nous souhaitons encourager l'engagement dans tous les domaines de la vie humaine : sphères familiales, professionnelles, associatives, culturelles, citoyennes. Partout et pour tous, dans toutes les sphères de la société, nous voulons rendre l’Évangile présent et agir pour le bien. De manière déterminée dans la vision que le CNEF porte, nous souhaitons encourager les individus et les œuvres chrétiennes qui ont reçu dans ces domaines un appel spécifique à se former et s’engager. Non pas dans une stratégie de conquête, mais de manière aimante, priante, servante.
Cette approche intégrale de l’Évangile et de l’humain est d’abord une réponse au mandat créationnel dans un contexte marqué par le péché et la grâce commune. Il s’agit là d’une mission à vivre en lien avec le reste de l’humanité. Une humanité que nous sommes appelés à servir d’une manière solidaire, aimante, coopérante, mais aussi exemplaire en tant que représentants de la nouvelle humanité que Dieu forme au milieu de nous en Jésus-Christ. Notre action dans le monde ne saurait être simplement ordonnée de manière « utilitaire » à l’annonce de l’Évangile. Dieu nous appelle à une implication juste et aimante dans sa création.
Vivre la mission dans un monde créé nous rappelle que la Parole de Dieu est première
Première parce que c’est elle qui ordonne et structure la réalité : « au commencement était la Parole… » (Jean 1.1). C’est elle qui oriente notre action dans le monde. C’est elle qui nous dit le chemin du salut et dessine notre espérance. Sans elle notre action est aussi sourde que veine. Nous avons eu au Centre évangélique une table ronde intitulée « l’action sociale parle-t-elle de Dieu ? ». Il est vrai que nous insistons aujourd’hui, à juste titre, sur les dimensions non-verbales de la communication et sur l’importance de la congruence de notre être, de notre dire et de notre faire. Mais précisément, notre « être » et notre « faire » appelle notre « dire » pour permettre aux hommes et aux femmes d’entendre et de pouvoir répondre, consciemment, au salut offert par Dieu en Jésus-Christ. Autrement dit, seule la proclamation explicite de l’Évangile rendra audible l’amour de Dieu manifesté par nos actions sociales.
Notre présence chrétienne dans le monde est indispensable à l’évangélisation, de même qu’un dialogue ouvert dans l’amour afin de mieux comprendre le prochain. Mais l’évangélisation elle-même est la proclamation du Christ historique et biblique comme Seigneur et Sauveur en vue de persuader les hommes de venir personnellement à lui pour être réconciliés avec Dieu (3).
Vivre la mission dans un monde créé nous rappelle à nos limites
Le sabbat, au cœur de la doctrine de la création, nous invite à ne pas réduire notre identité au faire. Vivre la mission dans un monde créé nous rappelle à nos limites et à notre dépendance à Dieu. Contre la tentation de la toute-puissance, l’Évangile nous rappelle que nous ne sommes pas appelés à sauver le monde, mais à témoigner du salut qui vient d’un Autre. Contre la tentation de la toute-puissance, nous sommes appelés à trouver nos sources en Dieu avant de nous engager dans le monde. À ce sujet j’entends régulièrement : « l’Église est pour le monde ». Je reçois son potentiel mobilisateur avec gratitude, mais je pressens aussi que cette dynamique « pour le monde » sera porteuse et féconde si est seulement si l’Église pense à se situer et se vivre d’abord dans son rapport à Dieu. Une communauté d’adoration recevant de lui la vie, le mouvement et l’être. Cela fondamentalement et premièrement avant, et en vue d’être un peuple en mission.
Vivre la mission dans un monde créé implique de vivre en accord avec le message que nous portons
La première marque du croyant doit être l’humilité et la dépendance radicale au message de la grâce. Nous sommes des pécheurs déclarés justes par grâce au moyen de la foi, indiquant à d’autres pécheurs le chemin du salut. Rien ne nous distingue en nous-mêmes : nous n’avons rien que nous n’ayons pas reçu et dont nous pourrions nous glorifier comme si cela venait de nous. Pour autant, par la puissance de l’action de Dieu en nous, nous voulons chercher à vivre au sein de nos Églises l’amour, la sainteté, la justice, l’accueil, la générosité qui caractérisent le message de la Bible dont nous parlons au monde. Apprenons à le faire de façon authentique, mais sans prétendre être arrivés au but et en reconnaissant nos manquements.
Je discerne là ici aussi un risque possible d’une Église intentionnellement missionnelle : vouloir être témoin de l’Évangile en intégrant son être, son dire et son faire d’une manière « exemplaire » et « brillante », mais au risque de diriger le regard vers l’Église plutôt que vers Christ. Et de faire peser sur la communauté des croyants une injonction de perfection écrasante et inauthentique, au préjudice du message de la grâce.
Vivre la mission dans un monde créé invite à avancer ensemble dans une unité marquée par la diversité
C’est là précisément le sens de l'effort du CNEF : permettre à chaque acteur en mission (individus, Églises, œuvres) de prendre conscience de sa place dans un ensemble plus vaste que Dieu agit et coordonne souverainement et avec sagesse, à l’échelle locale comme à l’échelle globale. Plutôt que de faire peser sur chacun la totalité de la tâche, apprendre de manière généreuse et confiante à encourager chacun à écouter, recevoir et vivre pleinement sa vocation propre, s’encourageant les uns les autres en vue d’un élan missionnel partagé pour notre pays et au-delà, confiant que Dieu gère l’ensemble.
Conclusion : un appel à prier pour une visitation de l’Esprit
Et pour cette mission, qui donc est qualifié ? La taille de la mission que le Christ nous a confiée, l’ampleur de notre faiblesse, la réalité du péché en chacun de nous et des tactiques de l’Adversaire nous conduisent à genoux. Prions ! Prions le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson (cf. Matthieu 9.38). Prions pour que les chrétiens de notre temps soient remplis du Saint-Esprit afin d’être équipés pour refléter le Christ dans ce qu’ils sont, disent et font et pour que de nombreux hommes, femmes, enfants, jeunes et personnes âgées découvrent la gloire du Christ, la bonté de notre Père, par l’action de l’Esprit, pour leur joie et la gloire du Dieu trinitaire. Nous confessons que ce renouvellement de la conscience du caractère missionnel de l’Église que nous appelons de nos vœux sera une œuvre du Saint-Esprit ou qu’elle ne sera pas.
Erwan CLOAREC, président du CNEF
1 - Titre inspiré de l'ouvrage de Lydia JAEGER, Vivre dans un monde créé, Farel/GBU, 2013
2 - Engagement du CAP
2 - Déclaration de Lausanne
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