Regard et perspectives - Erwan CLOAREC - AP juin 2023
Discours d'introduction d'Erwan CLOAREC lors de l'Assemblée plénière du CNEF le 6 juin 2023
Regard et perspectives.
Regard sur une première année vécue en tant que président avec un CR et un bureau largement renouvelés ; perspectives sur une nouvelle décennie. Un peu à la manière d’une série, le CNEF est maintenant entré dans sa troisième saison. Après une première saison de gestation dans les années 2000, une décennie d’institutionnalisation à partir de sa création officielle en juin 2010, mandat m’a été confié en tant que nouveau président d’accompagner le CNEF dans une saison de renouvellement, d’élargissement et d’approfondissement, veillant à le faire demeurer centré sur l’Évangile. Notre première préoccupation étant que le CNEF, en s’institutionnalisant, ne s’assèche ni ne devienne une fin de soi. Ce serait un risque. Un risque que mon prédécesseur, le pasteur Christian Blanc, avait bien identifié en pointant l’importance, sur la fin de son mandat, comme un passage de flambeau, que le CNEF veille au côté de son moteur institutionnel à augmenter le régime de son moteur missionnel.
Pour ma part, j’ai cru bon, en entrant dans mon mandat, d’appuyer la nécessité pour que l’un et l’autre de ces moteurs tournent à plein régime, et si possible dans la même direction, d’ajouter une troisième dimension, non négociable : celle de corps spirituel. Et d’ajouter pour chacune de ses trois dimensions du CNEF – le CNEF comme corps spirituel ; force institutionnelle ; élan missionnel –, trois verbes. Trois verbes qui viennent qualifier la manière d’habiter et d’orienter chacune de ses dimensions dans lesquelles nous voulons grandir encore dans la décennie qui s’ouvre : être ; faire ; inspirer. Un corps spirituel ; une force institutionnelle ; un élan missionnel. Ce que le CNEF est ; ce que le CNEF fait ; ce qu’il veut inspirer. C’est autour de ses trois dimensions de la vocation du CNEF, de sa vision, que j’aimerais construire ce regard sur l’année et les perspectives à venir.
Le CNEF comme corps spirituel
C’est ce que le CNEF est, fondamentalement. L’expression de l’unité que Dieu nous donne en Jésus-Christ et que nous sommes appelés à approfondir, dans les prochaines années dans tous les lieux de vie et d’action du CNEF. D’abord parce que cela plaît à Dieu, et que cela sera la condition du sens et de la fécondité du reste. Non pas pour que le CNEF devienne une seule Église au niveau institutionnel ou ne remplace le rôle des unions, des œuvres, mais, qu’à sa juste place, il nourrisse la communion de ses membres et soit une expression spirituelle et visible de l’Église une, du corps dont Christ est le chef.
Dans cette première année de mandat, il nous a semblé en tant que CR que la première implication de cette dimension de corps spirituel était de progresser dans la mise en œuvre d’une gouvernance davantage participative, impliquant l’ensemble des membres du corps du CNEF. Ceci en amont et pendant les Assemblées plénières, pour que celles-ci ne ressemblent pas à de simples chambres d’enregistrement, mais soit réellement le lieu d’un discernement commun. À l’écoute des uns des autres, et à l’écoute de l’Esprit. En ce sens a été initié le 10-11 mai dernier, ce que l’on a appelé les 24h des unions. Un temps à part pour se rencontrer – responsables des unions et membres du Comité représentatif du CNEF –, un temps pour prier, réfléchir, discerner ensemble sur un certain nombre d’enjeux. Enjeux de court, moyen et long terme. Aidant ainsi le Comité représentatif à piloter la suite du discernement, à mieux préparer les Assemblées plénières, et aidant les acteurs des unions à y venir mieux préparés. En Comité d’animation du Pôle œuvres hier, nous avons commencé à réfléchir à la manière de vivre l’équivalent au niveau des œuvres, et former ainsi un seul corps. À l’écoute de la direction de son chef, Christ. Pour ce qui concerne les unions, cette formule des 24h a été plébiscitée, et date a été prise en 2024 pour le revivre : les 3-4 avril prochain.
À partir du travail de réflexion engagé au cours de ces 24h des unions, le CR du CNEF a retenu comme chantier à engager dans l’année qui vient à l’échelle du CNEF, et à situer au cœur de cette dimension de corps spirituel : la préparation d’une communauté d’apprentissage sur la question des ministères. Question que nous pressentons décisive 1/ pour répondre au défi identifié lors des assises de la formation de susciter de nouvelles vocations – 1.000 nouvelles vocations à former pour répondre aux besoins de renouvellement du corps pastoral dans les 10 prochaines années ; 2/ pour accompagner la demande croissante dans les nouvelles générations de diversité ministérielle et de travail en réseau, en équipe ministérielle ; 3/ pour faire face ensemble à l’enjeu d’accélérer l’implantation d’Églises nouvelles et l’affermissement des communautés existantes en réfléchissant ainsi à de nouvelles articulations dans la manière de vivre l’Église et les ministères. Communauté d’apprentissage que l’on fera précéder d’un travail préparatoire de réflexion théologique croisé entre nos différents Pôles. Une étape qui nous semble en effet nécessaire au regard de la diversité ecclésiologique et manières de comprendre les ministères dans nos différentes traditions ecclésiales, pour bien se comprendre et se situer, se respecter dans nos identités particulières. Et c’est ensuite, dans un second temps, à partir des problématiques communes identifiées, que nous lancerons la communauté d’apprentissage à proprement parler avec des équipes des unions pour apprendre les uns des autres, être stimulés aussi par des apports extérieurs, et s’engager dans des plans d’action qui seront propres aux unions. Nous reviendrons bientôt vers vous pour avancer sur ce chantier des ministères qui va être passionnant, et je crois, décisif pour accompagner la croissance de nos Églises dans la prochaine décennie. On a besoin les uns des autres, et de la direction de Dieu pour relever ensemble ce défi qui nous est commun.
Deux autres initiatives à saluer et situer dans cette dimension de corps spirituel pour cette année. La première est le lancement officiel, en septembre dernier, du service STOP-ABUS qui, malheureusement, rencontre un réel besoin et un réel succès. Nous faisions le point la semaine dernière avec sa coordinatrice, Myriam Letzel, et son président, Marc Deroeux, une trentaine de dossiers sont en cours. En lien, je le rappelle, avec des problématiques de violence sexuelle dans nos communautés. Ce travail est à poursuivre avec détermination afin de travailler à ce que nos Églises soient des lieux sûrs dans lesquelles ce type de comportement n’ait pas sa place. Deuxième initiative à relever, et à multiplier, nous en parlerons cette après-midi dans le rapport d’activité : le projet pilote « Églises des diasporas » dans le 93. Projet portant le souci d’aider, d’accompagner et de favoriser l’accueil et l’intégration de nos frères et sœurs issues de ces communautés, dont la plupart ne sont pas membres du CNEF au niveau national. Je ne développe pas ici, mais j’aimerais souligner que nous avons là, en tant que corps spirituel, un enjeu clef à vivre, un devoir d’hospitalité et de fraternité difficilement contournable pour la décennie qui est devant nous. Nous en reparlerons.
Le CNEF comme force institutionnelle
Deuxième dimension du CNEF ; deuxième partie de mon développement : le CNEF comme force institutionnelle. Ce que le CNEF fait. Son cœur de métier au quotidien, notamment par le travail des permanents et de ses élus qui se donne pour vous servir, vous accompagner, vous représenter. Et il me tient à cœur d’appuyer cette qualité de force. Je parlais de risque de sécheresse liée à l’institutionnalisation il y a un instant, quand l’institution devient sa propre fin… Mais je crois précisément que si le CNEF, comme institution, demeure informé par l’Évangile, appuyée sur sa dimension de corps spirituel, et au service d’un élan missionnel commun, cette dimension institutionnelle – c’est-à-dire la capacité du CNEF à représenter le protestantisme évangélique dans la société française, ainsi que la capacité du CNEF à offrir des services supports utiles à ses membres –, ne sera ni un risque ni un mal nécessaire. Mais au contraire, une opportunité croissante, dans la phase de maturité dans laquelle le CNEF est entré, de faire connaître le protestantisme évangélique pour les bonnes raisons, auprès des autorités et dans les médias, et d’aider ses membres à mieux accomplir leur mission.
Sur ce versant du CNEF comme force institutionnelle, le travail du CNEF dans l’année écoulée a été marqué d’une part par l’énergie déployée par son service juridique et son service communication pour accompagner les unions et les Églises dans leur travail de mise en conformité de leurs statuts et fonctionnement avec la loi confortant le respect des principes de la République. Actions de formation dans les territoires, extrêmement suivies ; édition d’un guide juridique (téléchargé à plus 15.000 exemplaires par les responsables) ; accompagnement individuel des différentes Églises et unions. J’ai été marqué en visitant les Congrès et synodes des unions membres de la reconnaissance témoignée au CNEF par les acteurs de terrain pour cette aide concrète. Merci aux permanents pour le travail formidable qu’ils ont fait, et qu’ils continuent à faire dans cet accompagnement. Je dois aussi vous rapporter la reconnaissance dont le ministère de l’Intérieur nous a témoigné en saluant le sérieux, l’efficacité et la pertinence du CNEF dans cette mise en œuvre, reconnaissant également pour les remontées de terrain que nous avons pu adresser afin d’adapter et assouplir certaines dispositions. D’autre part, on a le sentiment au niveau du bureau et des permanents que le CNEF a franchi un cap cette année quant à sa visibilité auprès des autorités politiques, administratives et religieuses. Plusieurs premières ont été vécues, ouvrant à d’autres rencontres pour la suite : une première invitation aux vœux de la conférence des évêques de France en janvier de cette année ; une première invitation adressée par le conseiller culte du ministère de l’Intérieur en mars, puis une première invitation adressée par Gérald Darmanin à assister à un évènement au ministère de l’Intérieur ce mois de mai ; une première invitation à rencontrer le conseiller culte de Matignon ; une première rencontre avec le président du CRIF ; une audition de la ministre en charge du dossier sur la fin de vie, Agnès Firmin le Bodo à qui nous avons pu partager nos préoccupations ; un repas la semaine dernière, une première là encore, avec le président et SG de la conférence des évêques de France, et des relations suivies avec la nouvelle équipe de direction de la Fédération protestante de France. Nous avons pu inviter au niveau du bureau Christian Krieger, son président, à nous rencontrer, et nous nous réjouissons de ce que nos directeur et secrétaire général respectif se rencontrent chaque mois pour un déjeuner d’échange et de concertation. Nous souhaitons continuer à avancer dans cette direction d’une collaboration en bonne intelligence dans le respect de nos identités et vocations respectives.
Je finis sur cette dimension institutionnelle en pointant un axe de progression, et un chantier que nous venons d’ouvrir au niveau du bureau et du CR : celui de la parole publique du CNEF. Nous avons conscience d’avoir besoin de monter en puissance encore dans notre capacité à être identifié et audible, notamment dans les médias, mais plus globalement par les différents acteurs sociaux et politiques. Nous voulons et pouvons progresser encore dans ce domaine afin d’augmenter la visibilité et la lisibilité de ce que nous sommes, et de ce que nous faisons, du message que nous portons, et être davantage connus, je le disais, pour les bonnes raisons. Ce sujet sera notamment au menu du séminaire de rentrée du Comité représentatif en septembre.
Le CNEF pour inspirer un élan missionnel
Last, but not least… Troisième dimension du CNEF : un élan missionnel. Ce que le CNEF veut inspirer : promouvoir le témoignage de l’Évangile en paroles et en actes, partout et dans toutes les sphères de la société, notamment par l’implantation d’Églises nouvelles, l’affermissement des communautés existantes et la participation à la mission mondiale. Sur ce versant, je passe plus rapidement… Non pas qu’il soit mineur, mais au contraire parce que nous voulons lui réserver un temps de traitement spécifique cette après-midi avec Philippe Monnery, vice-président en charge dans le bureau du volet missionnel du CNEF. Nous ferons un point tout à l’heure avec lui sur notre texte-cadre « un élan missionnel pour les évangéliques de France ». Texte que nous avons travaillé lors de la dernière Assemblée plénière en décembre ; texte que vous avez à travailler avec vos Conseils d’administration respectifs, unions et œuvres d’ici septembre. Nous ferons un point, avec, sur les axes stratégiques de mise en œuvre que nous souhaitons poursuivre afin de faire vivre ce texte de manière concrète ensemble. Nous nous retrouvons donc pour ce volet cette après-midi. J’aimerais juste saluer, pour ce qui m’appartient sur ce sujet, la création de la fondation Oikonomia dont le CNEF est partenaire institutionnel. Un outil missionnel au service de cinq domaines couverts par cette fondation : le domaine social, médico-social, humanitaire, éducatif, culturel, artistique et événementiel. Nous nous réjouissons de cette avancée. Et nous nous réjouissons aussi du partenariat croissant que nous connaissons avec un autre partenaire d’Oikonomia, les Associations familiales protestantes dont je salue la présence de sa présidente, Françoise Carron, avec plusieurs horizons de collaboration fructueux, au niveau national et des territoires. Ensemble au service d’un élan missionnel partagé dans notre pays. Nous aurons l’occasion de vous en dire plus prochainement.
Je finis ce point en ouvrant sur la séquence suivante de notre Assemblée plénière : la suite de notre travail sur le renouvellement de la VMV du CNEF (sa Vision – ses missions – ses valeurs) qui va nous conduire en plusieurs étapes jusqu’à l’AP de décembre. Assemblée plénière au cours nous voterons à la fois l’adoption du texte « un élan missionnel pour les évangéliques de France », mais aussi notre VMV renouvelée afin de mieux entrer ensemble dans les défis de cette nouvelle décennie qui s’ouvre.
Merci pour votre écoute.
Erwan Cloarec,
Président du CNEF
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