Ministères : le défi de la translocalité

Un gros mot peut-être encore pour plusieurs. Pour le dire simplement, nous entendons par dimension translocale de l’Église la dimension « intermédiaire » de l’Église, entre l’Église locale et l’Église universelle, entre les Églises, entre les unions d’Églises, entre les unions et les œuvres, à l’échelon d’un territoire, d’une région, d’une nation ou au-delà, ce qui se vit pour le royaume de Dieu.

Cette dimension de l’Église, cette nécessité de penser et vivre l’Église à l’échelle grand angle, me semble clé pour penser la question des ministères et de leur déploiement pour aujourd’hui. C’est, pour résumer, le premier étage de la fusée qu’il nous faut consolider si nous voulons permettre aux ministères dans leur diversité de se déployer, selon nos ecclésiologies, nos histoires, nos contextes propres. J’en suis profondément convaincu, et c’est quelque chose qui ressort avec netteté de la contribution des différents pôles :

• De l’affirmation du Pôle du Réseau FEF(liste des unions membres) de chercher à vivre davantage la dimension de l’Église une, et des rapports de communion, de collaboration, de mutualisation, d’actions communes en vue de la mission commune n’est pas, je cite, « optionnel d’un point de vue théologique ».

• Une nécessité et un questionnement que reprend le Pôle des Églises évangéliques de la FPF (liste des unions membres) : Comment mieux penser les rapports d’autorité et de collaboration entre l’échelon local et translocal (union et Églises locales ; ministères translocaux en collaboration et Églises locales) en vue de la mission commune ? ;

• Mais aussi le Pôle des AdD (liste des unions membres) qui évoque comme l’un des quatre enjeux clés à travailler pour aujourd’hui « la question des ministères translocaux (relations avec les ministères locaux, gestion de l’autorité, des finances, …) » ;

• Une question clé aussi du côté du Pôle d’expression pentecôtiste et charismatique (liste des unions membres) avec la poussée, à peu près dans toutes les familles d’Églises, d’une logique de travail en équipe de ministères à l’échelle translocale en vue de l’équipement des croyants et du déploiement de la mission.

Cette question de la translocalité des ministères est une nécessité théologique et missionnelle, parce que Dieu le veut ainsi ; parce que son Église est une et que sa mission l’est aussi. Parce qu’il nous veut avec le cœur grand, la vue large. Penser à ce qui se vit, ce que Dieu fait là-bas, aux extrémités de la terre, tout comme il nous veut avoir le souci, avec d’autres, de ce qu’il veut faire dans la ville voisine qui n’a pas encore d’Église. Penser que pour tout cela, Dieu veut donner comme au temps biblique, à la mesure de ce qu’il nous promet en Éphésiens 4, des ministères dons à son Église pour lui permettre de grandir et de se multiplier partout dans le monde.

Cette question de la translocalité des ministères est une nécessité théologique et missionnelle, mais aussi une nécessité contextuelle et générationnelle. Nous le savons et nous en prenons la mesure, nous préparons nos unions et nos Églises pour les jeunes générations Y et Z, bientôt Alpha. Ces générations qui, à juste titre, ne veulent plus vivre leur ministère en solo, mais en réseau. Découvrir et déployer en équipe à l’échelle locale, régionale ou nationale le don particulier que Dieu leur a confié et le vivre en complémentarité avec d’autres.

Agir local, penser global, mais aussi agir global pour mieux penser et vivre le ministère localement, avec d’autres, pour équiper le peuple de Dieu à agir d’une manière missionnelle dans le monde. Voilà ce qui motive les nouvelles générations. Voilà ce qui fera progresser la mission. Ce déploiement ne pourra faire l’économie d’une réflexion ecclésiologique de fond sur l’Église grand-angle, et de ses rapports dynamiques avec les réalités locales, de terrain et des moyens humains et financiers impliqués.

Erwan CLOAREC, président du CNEF