Forum des Églises des diasporas : regard de Serge OULAÏ
Comment résumer une journée aussi inédite dans l’histoire récente du CNEF ? Pour moi, cette journée s’est articulée principalement autour des deux tables rondes qui en ont été le cœur battant.
Je me réjouis d’abord de la participation active et enthousiaste des Églises issues des diasporas africaines, haïtiennes, chinoises, hmongs , coréennes, lusophones, arabophones, turcophones, roumaines, bulgares, moldaves... Il faut aussi souligner la présence de nombreux responsables d’Églises autochtones françaises, ainsi que celle de responsables d’Églises extérieures au CNEF. Cette diversité témoigne d’un véritable élan de communion.
Ce forum avait des objectifs clairs, et je suis encouragé de constater qu’ils ont été pleinement atteints :
- Faciliter les échanges entre les responsables d’Églises des diasporas et des Églises dites « autochtones »,
- Informer sur la réalité des Églises issues des diasporas,
- Créer des synergies entre responsables évangéliques,
- Renforcer les liens fraternels,
- Partager les expériences de terrain,
- Travailler ensemble à une vision missionnelle commune au sein du CNEF.
Ce qui a particulièrement marqué cette journée, c’est le choix de privilégier des témoignages vécus à des interventions purement théoriques. Même les apports des spécialistes – Sébastien Fath (sociologue) et Abel N'Djérareaou (théologien) – sont restés concrets, pertinents et accessible.
Table ronde 1 :
Églises en dialogue – Défis et promesses vers une mission commune
Avec Monicker Desgranges, William Huang, Ruben Martins et Jean-Sébastien Sampera
Ce premier temps d’échange a mis en lumière l’histoire en cours de ces Églises des diasporas qui considèrent la France comme un véritable champ missionnaire. Elles y œuvrent avec conviction, affirmant qu’elles font pleinement partie de l’Église de France, tout en assumant leurs spécificités culturelles. Ces différences, souvent sources d’épreuves, n’ont pas entamé leur foi ni leur engagement. Elles s’appuient avec confiance sur le Maître de la moisson pour vivre l’unité dans la diversité.
Table ronde 2 :
De l’union des Églises à la communion de l’Église
Avec Jean-Claude Girondin, Olivier Lô, Erwan Cloarec et Étienne Grosrenaud
Ce second temps fort a permis un échange sincère et sans détour sur les réalités de la collaboration entre Églises de différentes origines. L’un des points saillants fut la reconnaissance que l’appel de Dieu prévaut sur l’origine culturelle, qu’on soit de la diaspora ou non. Un moment particulièrement marquant fut celui où fut évoqué un déséquilibre persistant : à compétences et formations égales, les serviteurs issus des diasporas sont souvent moins considérés. Ce constat a mené à un geste fort, un appel au pardon. Pour moi, ce fut un « événement » à part entière, empreint de grâce.
En guise de synthèse : deux grandes questions abordées
1. Quels sont les apports des Églises des diasporas à l’Église de France ?
• Elles ont permis à de nombreux chrétiens issus des diasporas de garder la foi, en les accueillant dans des communautés proches de leur culture.
• Elles ont offert un cadre dans lequel des ministères refusés ou ignorés par les Églises autochtones ont pu s’exprimer et porter du fruit.
• Elles ont dynamisé l’évangélisation dans toutes les sphères de la société française grâce à la diversité professionnelle et culturelle de leurs membres.
• De nombreux chrétiens matures, issus de ces Églises, sont aujourd’hui pleinement engagés dans des Églises autochtones. J’en suis moi-même un exemple concret.
2. Quels sont les défis de la collaboration entre Églises des diasporas et autochtones ?
L’un des principaux défis est la différence de liturgie. Si les formes de culte varient, la doctrine est partagée. Pourquoi faire de la diversité liturgique un obstacle, alors qu’elle peut être une richesse ? Cette diversité est même un levier de croissance pour les Églises des diasporas, et de nombreux Français, qu’ils soient d’origine ou non, s’y retrouvent aujourd’hui pleinement.
En conclusion
Je prie que la suite de cette journée historique donne lieu à des actions concrètes, à partir des nombreuses propositions faites. Que la mission commune se renforce et que la communion entre Églises soit pleinement restaurée.
Que l’envoi final inspiré par Abel N'Djéraréou , tiré de Genèse 45.24, soit vécu par chacun : « Ne vous querellez pas en chemin ».
Serge OULAÏ
Pasteur au sein de l'AEEI et membre du comité d'organisation « Forum E2D »
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