Forum des Églises des diasporas : un tournant nécessaire

Pourquoi un forum des Églises des diasporas ?

C’est la première question qu’Éric Pirès-Antunes a posée aux participants de la deuxième table ronde qu’il animait ce jour-là – table ronde à laquelle j’ai eu l’honneur de participer.

Peut-être parce qu’il était tout simplement temps de reprendre et de poursuivre un travail déjà amorcé depuis plusieurs années. Je pense notamment aux consultations du Département de missiologie urbaine animées par André Pownall dans les années 2000, aux articles du Cahier hors-série n°13 de l’École Pastorale, ou encore à l’atelier du réseau FEF avec Serge Oulaï plus récemment.

Un sujet longtemps marginalisé

Beaucoup diront : « Il était temps ! ». En effet, la question de la multiculturalité dans l’Église, bien qu’essentielle, est restée largement en marge du monde évangélique français. Le discours dominant affirme que l’Église type devrait être multiculturelle, mais dans les faits, nous restons souvent perplexes, voire mal à l’aise, face à la réalité des Églises dites « ethniques » – dont on ne sait même pas toujours comment parler. Entre les termes « Églises autochtones », « diasporiques », ou « ethniques », les mots hésitent, tâtonnent, traduisant un certain malaise.

Et pourtant, ce forum nous a rappelé une vérité fondamentale : il n’y a qu’une seule Église, celle de Jésus-Christ. Cette rencontre s’inscrit dans une dynamique plus large, celle du Mouvement de Lausanne, qui a fait des populations dispersées un axe stratégique de l’évangélisation mondiale (voir L’Engagement du Cap, section II-C-5).

Un premier pas... et bien d’autres à venir

Comme Clément Diedrichs l’a très bien résumé dans sa synthèse, ce forum est un premier pas significatif – mais il appelle de nombreux autres. Il nous faut désormais :

• Une réflexion théologique approfondie,

• Des textes de référence,

• L’identification de personnes ressources clés,

• Et des actions concrètes de sensibilisation sur le terrain.

Mais pour avancer, nous aurons besoin de la sagesse et de la force que seul le Seigneur peut accorder. Car les enjeux sont aussi complexes que sensibles : le racisme dans l’Église, l’épistémicide évoqué avec justesse par Jean-Claude Girondin, le tokénisme, ou encore l’héritage de la colonisation et ses conséquences profondes.

Un espace de vérité et de pardon

Ce forum, proposé par le CNEF – fruit lui-même d’un acte de pardon entre chrétiens – est resté fidèle à sa vocation : rassembler. Ce fut un moment d’échanges riches, marqués à la fois par la joie de se retrouver, mais aussi par la profondeur des blessures exprimées et des demandes de pardon formulées. Un espace rare, nécessaire, précieux.

On peut toutefois regretter un déséquilibre dans la composition des participants : autour des tables, la grande majorité provenait des Églises des diasporas. Il me tarde de vivre une rencontre plus équilibrée, plus représentative de la diversité du Corps de Christ en France.

En conclusion

Ma prière est que nous puissions annoncer ensemble l’Évangile, dans l’unité et la vérité, et vivre pleinement ce texte que le pasteur Abel N'Djéraréou nous a rappelé avec à-propos : « Alors ceux qui craignent le Seigneur se parlèrent l’un à l’autre ; le Seigneur fut attentif, il entendit. » Malachie 3.16

Olivier Lô
Président de l'AECM et membre du comité d'organisation du « Forum des E2D »