"Les étudiants ont besoin d'espérance !"
Johan Nicolet, missionnaire, et Johan Forat, étudiant, sont tous deux engagés au sein du Foyer évangélique universitaire (FEU) de Grenoble. Ils sont convaincus que l'Évangile apporte des solutions au mal-être du monde étudiant.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Johan Nicolet (JN) : Je m’appelle Johan Nicolet, j’ai 33 ans. Je suis missionnaire au Foyer évangélique universitaire (FEU) de Grenoble depuis 2018. Je travaille à accompagner les étudiants, qu'ils soient chrétiens ou non, à découvrir le Christ, à s'approprier l'Évangile, à les équiper pour qu'ils puissent le transmettre sur le campus.
Johan Forat (JF) : Je m'appelle Johan Forat. J'ai 19 ans. Je suis en deuxième année de psychologie à Grenoble. Je fréquente le FEU depuis un an et demi, depuis le début de mes études. Né dans une famille chrétienne, j’ai donné ma vie à Jésus quelques semaines avant de venir au FEU pour la première fois.
Justement, qu’est-ce qui t’a poussé à rencontrer d’autres étudiants chrétiens?
JF : Plus jeune, j'étais un peu frustré de ne pas avoir d'amis chrétiens dans ma ville d’origine. Au début de ma première année à l'université, j'ai fait un grand pas de foi en acceptant de laisser Dieu être le maître de ma vie, mon Sauveur et Seigneur. Je savais que la foi ne se vit pas seul et qu'il est nécessaire d'avoir des gens autour de soi. Je ne voulais pas rester seul dans mon appartement à Grenoble, il fallait que je fasse cet effort de sociabilité d'aller au FEU par lequel ma maman était passée il y a une trentaine d’années.
JN : Pour l’équipe de responsables, je dirais que Johan est du pain béni. Dès notre première discussion, j'ai compris qu'il venait de se convertir. J’avais en face de moi un tout jeune disciple qui avait soif de servir Dieu, de progresser dans la foi. J’ai pu observer son envie de connecter avec d'autres chrétiens. Je lui ai proposé un accompagnement. Ensemble, nous avons lu Romains 1 à 8, semaine après semaine, avec un petit canevas de questions permettant de mieux comprendre le fondement de l'Évangile. Si Johan connaissait déjà bien sa Bible, cela lui a permis de comprendre ce qu’il vivait avec Dieu et de mettre des mots sur l'articulation de l'Évangile dans sa vie. Cela lui donnait aussi de l'assurance sur quelle était son identité en Christ et comment prendre les bonnes bases d’un chemin avec Dieu.
En tant qu’étudiant, Johan, tu as rapidement pris des responsabilités. Comment as-tu vécu cela?
JF : Ce qui est bien au FEU, c'est qu'il y a une place pour tout le monde. Nous avons tous des dons différents, des capacités différentes et des centres d'intérêts différents. J’ai trouvé ma place dans ce que j'aimais le plus, c'est-à-dire dans l'étude de la Bible. Parfois, c’est moi qui prépare les échanges en petits groupes, ce qui prend un peu plus de temps parce qu’on doit se plonger dans le texte, mais c'est valorisant de voir que même en tant qu’étudiant, on peut apporter quelque chose aux autres.
Tout le monde n’a pas une éducation chrétienne. Avez-vous des exemples de personnes d’autres arrière-plans religieux qui se sont intéressées à l’Évangile?
JN : Je prendrais l’exemple d’une étudiante libanaise, qui n'était pas chrétienne et qui l’est devenue. Elle avait participé à différentes soirées et était en lien avec une église protestante évangélique locale. Aujourd’hui dans une autre ville, elle nous a confié avoir compris qui était Jésus et elle lui avait donné sa vie. Nous avons été un de ses jalons pour lui expliquer ce qu'était l'Évangile. Et nous l'avons aussi manifesté de manière concrète.
Nous avons aussi cet étudiant, Thibault, qui s'est dit « Oui, je crois que Dieu existe et je veux le découvrir ». Il a tapé sur Google, trouvé le FEU et a commencé à venir lire la Bible. Au début, il n'arrivait pas à comprendre la grâce et pensait que nous devions mériter notre salut. Nous lisions la Bible ensemble, patiemment, parfois plusieurs fois par semaine, en groupe, en tête-à-tête avec un autre équipier. Il était aussi en lien avec une Église locale qui l’a aidé à cheminer. Aujourd’hui, il est à Christ et nous avons pu assister à son baptême dans l'église.
Pour certains nés dans des familles chrétiennes, l'Évangile n'est pas soit pas clair, soit pas accepté. Nous avons eu une étudiante cette année qui nous a dit « mais mes yeux s'ouvrent ». Qu'est-ce qu'on a fait de particulier? Nous avons seulement ouvert la Bible. Alors elle a compris ce qu'était la grâce de Dieu. Dans tous les cas, nous sommes sur un long processus qui va jusqu'à la maturité d'un disciple qui est capable aussi d'en faire d'autres.
JF : Je suis reconnaissant d’apprendre à être proactif dans ma foi. Pas seulement le matin, tu pries un coup, tu lis ta Bible de ton côté, puis tu vas à l'église le dimanche. Tu apprends à servir, à t'engager dans plein de choses différentes. Ça rend la vie de chrétien plus intéressante et c'est ça être un disciple, agir pour Dieu, pas juste vivre sa foi de son côté et un peu avec les autres le dimanche, mais partager, vivre, aider les autres, être actif en fait.
Es-tu amené à témoigner de ta foi ?
JF : Comme avant de venir au feu, je n'étais pas vraiment dans une église, je n’avais pas d'amis chrétiens. Tous mes amis étaient non chrétiens et le sont encore. Mais après, en me demandant ce que je faisais à Grenoble, où est-ce que j'allais le soir, j’ai eu l’occasion de leur parler du FEU et de répondre à leurs questions sur la foi, notamment avec mon meilleur ami, qui se disait anti-religion. À force de parler, à force de lui expliquer ce que c'était le christianisme, il a une position plus apaisée. Quand je n'étais pas à Dieu, j’avais des échanges mais c'était un peu stérile, on restait sur nos positions. Là, j’ai pu lui partager ce qu’est l'Évangile. Et cela à beaucoup d'amis autour de moi. J’ai l'occasion d'avoir des discussions incroyables à la fac. Je n’ai plus du tout la peur que j'avais de parler de Dieu.
On entend régulièrement parler de précarité, de mal-être chez les étudiants. Avez-vous des pistes de solutions ?
JN : On a l'impression que l'étudiant, c'est le gars qui mène une belle vie et qui fait la fête et qui n'est pas très sérieux. La réalité c'est que c’est dur financièrement pour beaucoup d'entre eux. Je vois beaucoup d’inquiétude, de doute, de désillusion et de manque d'espérance. Et je pense qu’on a quelque chose à apporter en tant que FEU. Déjà sur les besoins primaires. Le fait d'être un lieu convivial, accueillant, permet de combattre la solitude. Nous pouvons être à leur écoute et prier pour eux. Nous sommes aussi partenaires de la banque alimentaire. Tous les quinze jours, nous aidons une trentaine d'étudiants à remplir leurs frigos. C'est une belle occasion de faire un peu comme Jésus, qui s'occupait aussi des préoccupations très terre à terre des gens tout en leur annonçant le Royaume de Dieu. C’est important de rappeler qu’en Christ, nous avons une espérance. Je crois que cette partie de l’Evangile spécifiquement peut faire la différence sur cette génération qui est très désillusionnée, qui a peu de confiance et qui, finalement, va se recroqueviller sur elle-même et va s'anesthésier le cerveau en regardant des séries sur Netflix ou des réseaux sociaux. Ou alors qui va s'engager dans un militantisme radical. Mais Christ est ressuscité. Et l'histoire ne va pas dans un cul-de-sac. Dieu est souverain des événements.
J'ai parlé de ta génération, Johan, mais dis-moi ce que tu en penses ?
JF : Avec les thèmes pas très joyeux qu'on nous rappelle tous les jours, l'écologie, la politique, les guerres, on peut facilement se faire prendre dans un cercle vicieux en se disant que c'est fini, que vivre ne sert à rien. Moi-même, je n'avais pas d'espérance avant de donner ma vie à Dieu. Je me disais que je faisais des études, mais pour quoi au final? Je ne sais même pas combien de temps je vais vivre. Mais en trouvant Dieu, ça a changé la donne. Ça m'a donné une vocation. Dieu nous a mis là pour une raison. Et on a des choses à faire. On sait que Dieu est avec nous. Et que même dans la souffrance, ce qui compte, c'est qu'il est là. Et qu'après, quand on aura terminé la course, ce sera encore plus incroyable. Je sais que pour moi, ça a été un gros point de pivot, cette espérance.
Enfin, comment les Églises, les familles peuvent concrètement agir pour accueillir et témoigner de leur amour aux étudiants ?
JF : Parce que quand tu es étudiant, tu ne sais pas combien de temps tu seras là. Ce n'est pas forcément facile de te projeter. Même si je suis là pour peu de temps, mon Église locale me permet de m'investir. J'ai pu par exemple animer l'école du dimanche. Je participe à un petit groupe de maisons. Et ça, ça fait hyper plaisir. Ça permet de se sentir dans l'Église.
JN : J’ai un conseil très pratique pour les familles chrétiennes. Invitez les étudiants à manger. La plupart sont loin de leur famille. Invitez-les à manger. Intéressez-vous à eux. Ils vont peut-être être très contents aussi de jouer avec vos enfants, de discuter.
Invitez-les à faire une balade. Aimez-les tout simplement. N'ayez pas peur d'eux. Ils sont très sympas. En général, très flexibles aussi. Ils aiment bien manger. Il faut toujours nourrir l'étudiant (rires)!
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