Pourquoi Dieu voulait-il que j’apprenne l’albanais ?
Pasteur à Roanne, David Chion a appris l’albanais et se sent particulièrement appelé à témoigner de Jésus auprès de la diaspora de ce petit pays des Balkans.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle David Chion, je suis pasteur de l'Église protestante évangélique de Roanne, membre de la Fédération des Églises du plein Évangile en francophonie (FEPEF, membre du CNEF). Je suis entré dans le ministère pastoral sur le tard après avoir exercé comme ostéopathe. Aujourd’hui, je me rends compte que le fait d'être pasteur était taillé pour moi.
Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à la communauté albanaise ?
Dans le département de la Loire, avec plusieurs Églises, nous avions travaillé sur l’idée d’une aide alimentaire. À Roanne, il y a notamment un centre de demandeurs d’asile avec beaucoup de personnes russophones, originaires des pays d'Europe de l’Est, du Caucase et d’Asie centrale, et quelques Albanais. Régulièrement confronté à la barrière de la langue, je m’étais dit que je devais apprendre le russe pour pouvoir communiquer avec eux. Au moment où je m'apprêtais à prendre des cours, j’ai senti que Dieu me disait de ne pas apprendre le russe mais l’albanais. Je ne comprenais pas ! Avec le russe, on touche tous les pays de l'ex-URSS ; avec l’albanais, seulement 6 millions de locuteurs. Je n’en voyais pas l’intérêt. Pendant une semaine, j’ai lutté avec Dieu avant de capituler. J'ai donc acheté une méthode pour apprendre l’albanais. Et moi qui ne suis pas doué en langues à l’origine, je persévère dans l’apprentissage de cette langue depuis quatre ans.
Depuis, avez-vous eu des contacts avec des familles albanaises ?
Nous avons rencontré plusieurs familles qui fréquentaient l’aide alimentaire, et conservé des contacts très étroits avec elles. Le fait d’avoir commencé à apprendre leur langue a eu un impact immédiat avec les Albanais localement. Ils arrivent en France et rencontrent un Français qui parle leur langue, ça les touche énormément. On se fraie un passage droit vers le cœur. Plus largement, de cette direction que Dieu m’a donnée pour la communauté albanaise, nous en avons fait une orientation d'Église : une maison de prière pour les peuples.
Quel est votre meilleur souvenir avec cette communauté albanaise ?
Fin 2019, alors que ça ne faisait pas encore un an que j'apprenais la langue, nous avons organisé un culte en albanais dans l’église. J'ai donc prêché en albanais et j'ai demandé à toute l'équipe de la louange d'apprendre des chants en albanais. Ça a été très épique, un peu cocasse mais on a eu un culte d'une heure avec une prédication et des chants en albanais compréhensibles. À ce moment-là, quatre familles albanaises fréquentaient régulièrement l’église. Depuis, lors du culte, nous avons systématiquement tous les chants sous-titrés en albanais. Depuis quatre ans, plusieurs familles albanaises sont venues à l'église, pas nécessairement en même temps ; pour quelques mois avant pour certaines d’entre elles de retourner en Albanie.
Quels ont été les fruits de ces contacts ?
Nous avons pu accompagner plusieurs personnes dans leur cheminement de foi.
Avant de développer un peu plus, je voudrais apporter un peu de contexte. En Albanie, l'identité nationale est plus importante que l'identité religieuse et il existe parfois une forme de syncrétisme entre l’islam, la religion majoritaire et le christianisme. Il existe de nombreux couples mixtes et les sans religion sont aussi un groupe important. On peut, par exemple, très facilement parler de Jésus, même avec des musulmans, parce qu'ils sont habitués à ce que les deux communautés se côtoient. Mais un certain vernis religieux rend parfois plus difficile la compréhension de l’Évangile.
Pour revenir à la question, avec l’église, nous avons pu être un soutien dans la foi pour une première famille, au départ chrétienne “culturelle“. Ils sont restés une année avant d'être déboutés du droit d'asile et renvoyés chez eux. Ils ont pu témoigner combien leur foi a été un ancrage dans ces difficultés. Dans une autre famille, la mère, dont le mari est chrétien et elle sans religion, a fait une vraie expérience avec Dieu. Après le décès de plusieurs de leurs enfants dans un accident de la route, elle nous a raconté avoir été consolée par Dieu, par des rêves. Elle a dit que Dieu s'occupait d'elle, la soutenait, qu’il était son appui. Elle a ainsi pu être nourrie dans la foi de cette manière. Ça n'a pas été jusqu'au baptême parce qu’entre-temps, ils sont retournés en Albanie, mais j’espère qu’ils pourront rejoindre une église sur place. Dans une troisième famille, dont le mari est évangélique, l’épouse, d’arrière-plan musulman, s’approche du Seigneur. Je prie pour que nous ayons bientôt la joie de baptiser la maman dont les filles sont musulmanes.
Comment les membres de l’église ont-ils réagi à cette orientation ?
J'ai noté que l'Église a tout doucement pris un nouvel intérêt pour les langues et pas uniquement l'albanais. J'ai vu des personnes de 70 ans se remettre à l'anglais, d'autres ont commencé à apprendre le russe, d'autres ont repris leur vieil espagnol. Pour moi, cela rentre dans la vision de l'Église qui est d’aller à la rencontre de l'autre. J'encourage donc toutes les personnes de l'Église à maintenir leur langue maternelle le cas échéant et à continuer à développer leur potentiel linguistique.
Culte en albanais
“Aujourd’hui, on a une Église iranienne à Strasbourg !”
Justin et son Église ont créé un café associatif à Strasbourg. Un moyen d’annoncer l’Évangile...
“Dans un village, tout se sait !”
En 2015, Jean-Rémy s’est installé en Corrèze, avec sa famille, avec le projet d’y annoncer...
“Si on ne vit pas ce qu’on proclame, alors on est des acteurs !”
À Limoges, Julien et son Église collaborent avec une autre Église pour aider les habitants de la...
“Cette colo a changé ma vie !”
Nesrine a entendu parler de Jésus pour la première fois à 13 ans, dans une colonie de vacances....
"Pour que les élus connaissent vraiment les Églises évangéliques !"
Suite à la loi “séparatisme”, le CNEF 75 a voulu rencontrer les maires de chaque arrondissement...
“Une Église pour ceux qui n’aiment pas l’Église”
À travers son Église, Benoît souhaite parler de Dieu au plus grand nombre.QUI ÊTES-VOUS ?- Je...