2/5 - Le défi ecclésiologique
Le défi ecclésiologique : quelle structuration pour nos Unions/Fédérations/Associations d’Églises ?
Le deuxième défi est ecclésiologique. L’ecclésiologie évangélique est en évolution dans la période récente. Elle n’évolue pas dans sa totalité, mais en particulier sur la question de la définition et de la structuration du rapport entre les Églises d’une même famille, d’une même dénomination. Notre mouvement va clairement en direction de la formalisation des liens, de la mise en commun d’un certain nombre de missions, parfois d’une gestion financière commune, le tout au sein d’une même dénomination. Diverses unions d’Églises se sont donc structurées ces dernières décennies dans ce sens, alors qu’elles avaient hérité pour certaines d’un fonctionnement plutôt localiste, ou au moins elles ont ouvert le chantier de leur organisation ; et celles qui étaient déjà structurées ont entrepris de retravailler leur structure pour l’adapter aux fonctionnements d’aujourd’hui et aux questions d’aujourd’hui. Par ailleurs, le comité théologique du CNEF a apporté sa pierre à la construction, par son texte sur « l’Église, les Églises et les œuvres ».
La question est celle-ci : quelle structuration et quel rôle pour nos Unions, Fédérations, Associations d’Églises ?
La croissance des Églises locales pourrait aller en sens contraire de cette structuration : une grande Église, en effet, peut avoir tendance à se suffire à elle-même, comme on le voit très bien dans les pays où existent des méga-Églises, qui ont tendance à créer leur propre organisme missionnaire, leur propre école de formation, même leurs propres cantiques, etc., sans prendre en compte l’inter-Église. Mais cette tendance n’est pas systématique et les grandes Églises pourraient au contraire jouer un rôle spécifique et très utile dans les réseaux fédératifs ou unionistes.
Ceci dit, malgré la croissance dont nous parlons, nos Églises restent peu nombreuses et très majoritairement petites ou moyennes. Et nous avons des projets qui sont disproportionnés par rapport à notre taille (et cette ambition est une bonne chose !).
Si l’évolution est en route, je considère qu’elle reste un défi pour les 10 ans qui viennent. Un certain nombre d’entre nous continuent de défendre une version stricte du congrégationalisme (mais qui n’est pas la seule version possible) et de défendre l’autonomie de l’Église locale comme valeur suprême. C’est un choix qui a sa logique. Mais pour tous les autres, le défi est là : à certains égards, le fonctionnement localiste est arrivé au bout de ses limites. Quel statut et quelle place pouvons-nous donner aux instances supra locales, à ce qu’on appelle aujourd’hui les « ministères transversaux », aux commissions fédératives, aux réseaux d’action, à tout ce qui est mis en commun ? Divers modèles existent depuis longtemps. L’histoire de l’Église est là pour le rappeler.
Dans cette structuration, quels moyens et quelles missions mettre en commun ?
La question de la formation des responsables paraît être un des domaines qu’il faut traiter en commun. De même, on pourrait suggérer qu’il serait utile de mettre en commun, au sein d’une même union (et si ce n’est pas déjà fait), la reconnaissance de certains ministères : on reproche parfois à notre mouvement évangélique la présence de pasteurs auto-proclamés, qui n’ont de compte à rendre à personne. C’est vrai, nous n’avons pas d’instance supérieure de reconnaissance des ministères, et c’est peut-être bien ainsi, et en tout cas c’est le fruit de notre histoire. Mais le niveau des fédérations et des unions pourrait très bien convenir pour la reconnaissance des ministères.
Cette structuration pourrait aussi permettre la mise en commun de ministères entre des Églises locales d’une même union qui n’ont pas les moyens d’avoir tout à elles. Je dis d’une même union, sachant bien qu’il arrive que des Églises locales d’unions différentes mettent en commun des ressources et des ministères, et que l’unité exprimée par le CNEF peut favoriser cette tendance intéressante. Mais il me semble que le défi se situe d’abord au niveau d’une même union, sans exclure bien sûr une réflexion plus large. Comment allons-nous faire, avec toutes les implantations d’Églises qui sont en cours, pour fournir à chaque nouvelle Église toutes les ressources ministérielles, financières et autres qui lui sont nécessaires ? Eh bien nous ne le ferons pas ! Il va falloir partager.
Si nous voulons que nos Églises locales soient missionnelles, il va falloir qu’elles le soient ensemble. Si nous voulons consacrer notre énergie à vivre l’Évangile et à témoigner de l’Évangile, pour le bien du monde qui nous entoure, pour l’avancement du royaume de Dieu et pour la croissance des Églises, alors il va falloir trouver des modes d’organisation qui nous évitent de gaspiller les forces que le Seigneur nous donne, et qui nous permettent au contraire de les mettre en commun.
C’est le défi ecclésiologique.
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