5/5 - Le défi lithurgique
Le défi liturgique : quelle orientation pour la louange ?
Enfin, un défi que nous pourrions qualifier de liturgique, mais prenez le mot « liturgie » au sens général de tout ce qui concerne le déroulement du culte : allons-nous parvenir à conjuguer l’enthousiasme de la louange moderne avec l’intelligence de la foi évangélique ?
Il est indéniable que le protestantisme évangélique moderne, ces dernières décennies, a développé au niveau mondial, avec ce qu’on appelle la « louange », et on emploie le mot au sens large, un mode d’expression de la foi extrêmement porteur, qui est imité de tous côtés, en particulier dans le monde catholique. Cette « louange », on le sait, est marqué par une forte utilisation de la musique et un rapport de proximité avec la culture ambiante. Elle a suscité, porté, enrichi, nourri la foi de plusieurs générations déjà ; c’est mon expérience personnelle mais ça continue d’être l’expérience d’un grand nombre de jeunes de la génération présente. Cette louange est une expérience collective, à laquelle peuvent goûter y compris des non-initiés, ce qui en fait aussi une porte d’entrée dans la vie de l’Église. Je pense, mais nous n’allons pas le démontrer ici, que cette louange a joué un rôle plus grand qu’on ne l’imagine dans le développement des Églises évangéliques de ces dernières décennies, mais aussi dans l’adhésion des jeunes qui ont grandi dans ces Églises à la foi évangélique, ainsi que dans l’intégration des personnes en recherche spirituelle.
Cette louange a suscité diverses critiques, parfois justifiées, d’autres fois injustifiées. Il est de toute façon normal que nous réfléchissions à nos pratiques ; c’est même indispensable. Mais ce n’est pas la question. Le défi est le suivant : saurons-nous capitaliser sur l’élan que donne cette louange à l’Église pour nourrir, structurer et orienter, de façon liturgique (c’est-à-dire dans le langage du culte), la foi de nos communautés ? Un mot d’explication s’impose.
L’élan ne suffit pas, mais il est indispensable. Pour durcir le trait : un élan sans contenu est un mouvement sans direction ; mais un contenu sans élan est figé et n’a aucun impact. Nous savons que le culte est un lieu de formation. Nous savons que la liturgie est dans un sens une pédagogie. Certains courants évangéliques, parmi nous, et d’autres traditions chrétiennes d’ailleurs, le pratiquent bien. Mais nous savons aussi que l’Église n’est pas seulement une école : la relation de la communauté avec Dieu est aussi louange, adoration, repentance, reconnaissance, joie, pleurs, célébration, etc.
J’ai entendu un jour Émile Nicole dire que « la louange est un antidote à l’orgueil et au désespoir ». J’en déduis qu’elle est nécessaire dans notre situation présente, qui est une situation d’orgueil, de centration sur soi, et donc de désespoir. Elle est cet antidote parce qu’elle nous amène à tourner nos regards vers le Dieu qui est non seulement plus grand que nous mais aussi qui est bon à notre égard. Elle nous invite donc à nous positionner à la bonne place : humbles, donc décentrés de nous-mêmes, et aimés, ce qui est source d’espoir. Si cette louange est nourrie de la Parole de Dieu, si elle est articulée avec une prédication riche et solide, si elle est variée dans ses styles, si elle est poétique dans son expression, si elle est esthétique dans sa formulation et son accompagnement, si elle est réaliste sur la condition humaine, alors le peuple évangélique aura vraiment raison d’être un « peuple qui chante » (Pierre Lachat, JEM 803).
C’est le défi liturgique.
Pour revenir à la synthèse, cliquez ici.
1/5 - Le défi de la contextualisation
Le défi de la contextualisation : quelle adaptation à la « postmodernité » ?Le premier défi est...
2/5 - Le défi ecclésiologique
Le défi ecclésiologique : quelle structuration pour nos Unions/Fédérations/Associations...
3/5 - Le défi biblique
Le défi biblique : quelle transmission des fruits de la recherche biblique ?Le troisième défi...
4/5 - Le défi éthique
Le défi éthique : quelle éthique missionnelle ?Le défi suivant est éthique. Mais je voudrais...